Détournement ? Falsification ? Re-création ? L’œuvre journalière de Frédéric-Gilles fascine. Puis interroge.
Elle nous questionne, d’abord, sur notre rapport au temps, notre actualité : l’actualité, ce flux d’images et d’informations qui nous interpellent incessamment, nous plongent dans la réalité du monde qui nous entoure, et parfois nous submergent. Les « actualités »--comme on appelait jadis les images qui s’offraient sur nos écrans. Mais aussi, notre actualité intime, notre inscription dans le temps, parce ce que ces images nous renvoient, jour après jour, figées et fixées au mur comme un miroir, à la façon dont nous avons vécu ces événements. Elles nous disent que notre être est à fa fois présent, actuel, et passé, une fois pour toutes.
Elle nous questionne, aussi, sur le statut de l’oeuvre d’art. Il est admis depuis longtemps que la photographie est un art, et pas seulement mineur. Chaque photo parue à la une du New-York Times, évidemment choisie pour sa beauté-son cadrage, sa lumière, l’émotion qui s’en dégage, est l’œuvre d’un artiste. Pourtant, anonyme, elle ne revendique pas le statut d’œuvre d’art, n’est pas destinée à être exposée, ni à figurer dans un album : elle illustre simplement un moment de notre vie, et le commente.
Ce que la peinture de Frédéric-Gilles lui fait subir, en se l’appropriant, c’est une révélation : de cette photo, elle révèle le sens profond, la valeur universelle, et intemporelle. Par l’effacement du superflu, de l’aléatoire, par le nouveau décor qui l’encadre et la sublime, Frédéric-Gilles s’en empare, comme le peintre s’empare d’un sujet ou d’uh modèle, et en fait une oeuvre d’art, l’expression d’un sentiment personnel, l’œuvre d’un créateur, c’est-à-dire d’un poète.
Par là, sa démarche, à sa façon, humble et presque artisanale, retrouve l’inspiration, qui, de « La liberté guidant le peuple » à « Guernica », insuffle un genre un peu oublié : la peinture d’histoire.
JUSQU'AU 3 MARS 2023 > FINISSAGE LE SAMEDI 11 MARS
77, rue Amelot, 75011 paris.